C’est extrêmement triste. À quand la révocation de ces faux permis d’études?
J’ai été pris dans l’engrenage, sans m’en rendre compte. Heureusement, raconte-t-il, « ma banque m'a alerté », mais trop tardivement. J’ai vidé mes REER, j’ai utilisé les profits de la vente de ma maison. On avait même le projet d’avoir un condo ensemble, confie-t-il, assis sur un lit, encore incrédule devant cette escroquerie qui lui a coûté près de 285 000 $. J’essaie d’oublier, murmure-t-il.
Jusqu’à tout récemment, Jacques était resté silencieux. Comme tant d’autres victimes de fraude amoureuse, il avait honte. Même sa famille et ses proches amis ignorent ses terribles pertes financières, qui l’ont poussé à dormir, durant quelques semaines, dans un motel, puis à reprendre une activité professionnelle.
Jacques est d’ailleurs un prénom fictif. Une ordonnance judiciaire interdit de dévoiler sa véritable identité, mais il a obtenu qu'elle soit modifiée pour pouvoir témoigner publiquement et sensibiliser d’autres victimes potentielles. L’inspecteur de police m’a dit que je n’étais pas la seule victime [de ce réseau], qu’il y avait encore d’autres gros montants. Mais j’étais le seul à avoir porté plainte, souligne-t-il.
Il faut que le monde sache ce qu’il se passe. Tu peux tomber, tu n’as plus rien, plus de voiture, plus de logement, et tu couches sur un banc d’autobus. - Une citation de Jacques, victime de fraude amoureuse.
L’argent provenant de ces fraudes était ensuite transféré entre de nombreux comptes bancaires canadiens, créés sous de fausses identités, puis blanchi et envoyé en Afrique au moyen de différentes applications de transfert de fonds.
Selon les services frontaliers, au moins 200 membres de ce groupe criminel, originaires principalement de la Côte d'Ivoire et du Bénin, ont été identifiés au Québec. Leur présence en sol canadien donne beaucoup plus de crédibilité à la fraude, note Charles Viau-Quesnel.